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Chroniques
l’Italie de Susanna Mälkki
Berio, Fedele et Francesconi
C’est à une délicate promenade à travers trente-cinq ans de création italienne que convie Susanna Mäkkli, à la tête de l’Ensemble Intercontemporain, cet après-midi. Dans ce concert chambriste (en partie dirigé), l’on rencontrera des œuvres de Berio, mises en regard avec celles de compositeurs d’une génération plus récente, ici représentée par Fedele et Francesconi.
O King et Circles de Luciano Berio, respectivement conçus en 1967 et 1960, ne bénéficient cependant pas d’une approche avantageuse. Si le mezzo-soprano Loré Lixenberg réalise un fascinant fondu voix-instruments dans la première pièce, quelques soucis à gérer l’émission se font néanmoins sentir. Quant à Circles, l’on constate que cette voix ne possède pas le charisme nécessaire à en véhiculer la dramaturgie. La livraison reste administrée, sans plus.
En revanche, on goûte d’autres subtilités avec les jeunes opus. Chord d’Ivan Fedele (1986) s’avère robustement introduit, une clarté raffinée succédant à la virulence du tutti, dans une lenteur étonnamment reptilienne dont l’énergie jamais ne faiblit. Écrit pour cuivres, percussion et électronique en 1994, Richiamo attire l’oreille au cœur du son, stimulant adroitement l’écoute dans l’aura des sourdines. Les équilibres sont ici prudemment respectés, dans une lecture scrupuleusement soignée.
En 1985-86, Luca Francesconi signait Da capo pour neuf instruments, une œuvre qui partage avec A fuoco (4e Studio sulla memoria) pour guitare et ensemble (1995) l’usage d’un ostinato récurrent qu’anime un nerf indescriptible n’échappant pas au chef, puisque Susanna Mälkki sollicite toujours plus vivement l’engagement des solistes à s’y mouvoir. La texture d’A fuoco, pour moins rêche qu’elle se perçoive (par rapport à Da capo), se montre d’une grande richesse, au service d’une expressivité en éveil que le jeu de Pablo Marquez sert efficacement.
BB